Industrie automobile : Rachid Bekhchi détaille la stratégie algérienne axée sur la sous-traitance

Dans un entretien accordé au site Khabar Press, Rachid Bekhchi, président de la Bourse de Sous-traitance et de Partenariat de l’Ouest (BSTP Ouest), a détaillé les contours de la nouvelle stratégie algérienne visant à bâtir une industrie automobile robuste. L’approche est claire : la priorité est donnée à la fabrication locale en s’appuyant sur un réseau dense de sous-traitants nationaux et une politique d’intégration locale progressive et réaliste.

ALGER – Le secteur de la construction automobile en Algérie entre dans une nouvelle ère. Selon M. Rachid Bekhchi, une dynamique nouvelle et une vision plus claire ont émergé depuis la nomination de l’actuel ministre de l’Industrie. La nouvelle approche repose sur un principe fondamental : l’industrie automobile algérienne doit être bâtie sur les compétences nationales.

« L’autorisation d’importer des véhicules de moins de trois ans était une mesure conjoncturelle pour réguler le marché, mais le véritable enjeu stratégique reste la fabrication locale« , a-t-il affirmé, mettant fin à toute ambiguïté sur les intentions du gouvernement.

Le Fichier National des Sous-traitants : une feuille de route stratégique

Au cœur de cette stratégie se trouve la création d’un Fichier national des sous-traitants dans le domaine des pièces de rechange. M. Bekhchi a précisé que cet outil n’est pas une simple formalité administrative, mais un document stratégique. « Il s’agit d’une véritable feuille de route pour les investisseurs, algériens comme étrangers, car il cartographie les capacités de chaque opérateur et facilite la mise en relation entre les usines et les fournisseurs locaux. »

Le message envoyé aux constructeurs mondiaux est sans équivoque : « Le marché algérien n’est plus ouvert à l’importation de véhicules finis comme par le passé. Toute entreprise étrangère désirant s’y implanter doit investir localement, assurer un transfert de technologie et contribuer à la formation de la main-d’œuvre. »

Un taux d’intégration réaliste et un comité d’experts au pilotage

Contrairement aux expériences passées, le Taux d’intégration nationale est désormais conçu comme « un mécanisme vivant, révisable tous les six mois » pour s’adapter aux évolutions du marché et à la montée en compétence des acteurs locaux.

Pour piloter cette vision, un comité technique consultatif a été mis en place. « C’est la pierre angulaire du dispositif », explique M. Bekhchi. Sa mission est de formuler des propositions flexibles, de définir des taux d’intégration réalistes, de veiller à l’implication des fournisseurs locaux par les constructeurs étrangers, et surtout, d’encourager la R&D (Recherche et Développement). « L’objectif est de dépasser le simple montage pour atteindre progressivement la phase de conception et d’innovation. »

Un impact économique structurant pour le pays

Les retombées de cette politique sont déjà visibles et promettent d’être considérables. « L’impact économique sera tangible. Une seule usine peut créer environ 2000 emplois directs, sans compter les centaines de sous-traitants qui gravitent autour », a souligné M. Bekhchi. Il a révélé un chiffre marquant : « Auparavant, nous parlions de cinq ou six sous-traitants dans l’automobile. Aujourd’hui, nous en comptons plus de 90 agréés, ce qui représente une évolution majeure. »

L’effet ne se limitera pas à la réduction de la facture d’importation, mais s’étendra à la création de valeur ajoutée locale, au développement de la recherche scientifique et à la stimulation de l’innovation. Un objectif chiffré a d’ailleurs été fixé pour l’usine Fiat : dépasser un taux d’intégration de 10 % d’ici la fin 2025.

En conclusion, M. Bekhchi a insisté sur le changement de paradigme : « Nous opérons selon une nouvelle logique économique basée sur la rentabilité et l’efficacité. L’ambition ne s’arrête pas à la satisfaction du marché local, mais vise l’exportation et la compétitivité sur les marchés régionaux et internationaux. »