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LAFARGE jugée à Paris pour “financement du terrorisme” en Syrie

LAFARGE jugée à Paris pour “financement du terrorisme” en Syrie LAFARGE jugée à Paris pour “financement du terrorisme” en Syrie

PARIS – Plus de huit ans après l’ouverture d’une enquête judiciaire, le procès de la société Lafarge s’est ouvert ce mardi 4 novembre devant la cour criminelle de Paris, dans une affaire à la portée exceptionnelle mêlant économie, politique et terrorisme.

Le géant français du ciment est accusé d’avoir, entre 2012 et 2014, financé des groupes armés djihadistes — notamment le Front al-Nosra et l’organisation dite “État islamique” — afin de maintenir l’activité de son usine de Jalabiya, au nord de la Syrie, en pleine guerre civile. Selon l’accusation, près de cinq millions d’euros auraient été versés, directement ou via des intermédiaires, pour acheter la sécurité des employés et garantir la poursuite de la production.

Neuf personnes sont renvoyées devant la justice, parmi elles l’ancien PDG Bruno Lafont, cinq cadres dirigeants de la société, ainsi que deux intermédiaires syriens, dont l’un est toujours recherché par Interpol. Elles encourent jusqu’à dix ans de prison pour financement d’une entreprise terroriste et violation des sanctions internationales imposées à la Syrie.

Les juges d’instruction estiment que les dirigeants de Lafarge ont agi en toute connaissance de cause, motivés par la préservation des intérêts économiques du groupe, et non sous contrainte comme le soutient la défense. Pour les magistrats, la société aurait pu quitter le pays, mais a délibérément choisi de rester, quitte à traiter avec des organisations terroristes.

L’affaire soulève également des interrogations sur le rôle éventuel des services français, certains échanges entre responsables de la sécurité de Lafarge et les services de renseignement ayant été documentés. Toutefois, le tribunal précise qu’aucune preuve ne démontre un aval officiel de l’État français à ces arrangements.

En octobre 2020, Lafarge avait déjà reconnu avoir versé environ six millions de dollars à des groupes armés syriens et accepté de payer une amende record de 778 millions de dollars aux autorités américaines. Mais ce procès parisien reste crucial : la société est également mise en examen dans une procédure distincte pour complicité de crimes contre l’humanité, une première mondiale pour une entreprise privée.

Ce procès, prévu pour durer plusieurs semaines, pourrait devenir un tournant judiciaire majeur sur la responsabilité des multinationales opérant en zones de conflit, et sur les frontières floues entre survie économique et compromission morale.


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