Alger – Le projet d’augmentation du Salaire National Minimum Garanti (SNMG), ordonné par le président Abdelmadjid Tebboune, concernera toutes les catégories de travailleurs de la fonction publique et des secteurs public et privé. Cette mesure pourrait même s’étendre automatiquement au seuil minimum de retraite, la loi garantissant aux retraités une pension ne pouvant être inférieure à 75 % du SNMG. Les spécialistes estiment que cette révision représente une étape sociale cruciale et attendue, compte tenu de son impact direct sur le pouvoir d’achat après des années de stagnation et d’érosion des revenus due à la hausse des prix.
Le secteur privé également concerné par les augmentations
L’économiste Mahfoud Kaoubi a déclaré à Echourouk que les augmentations attendues du SNMG constituent une étape sociale importante, car elles toucheront techniquement tous les travailleurs qui perçoivent le salaire minimum, que ce soit dans le secteur public, la fonction publique ou le secteur privé. Cette décision aura également un impact sur la catégorie des retraités, dont les pensions minimales devraient être révisées si les procédures sont conformes aux révisions précédentes. Ainsi, ces augmentations ne concerneront pas seulement une petite partie des Algériens, comme certains le pensent.
Selon les rumeurs, le nouveau plafond pourrait être porté à 25 000 dinars, selon Kaoubi. Cette augmentation concernera également la catégorie des retraités, ce qui signifie qu’une large part des citoyens sera concernée par cette révision. L’intervenant rappelle que la dernière révision du salaire de base a eu lieu en 2020, lorsqu’il est passé de 18 000 à 20 000 dinars. D’autres augmentations ont suivi via différents outils techniques, notamment la hausse de l’indice de référence à plusieurs reprises, l’extension de l’exonération de l’Impôt sur le Revenu Global (IRG) jusqu’à des salaires de 30 000 dinars, puis la réduction de l’IRG pour certaines catégories des secteurs public et privé. Ces mécanismes ont été adoptés par le gouvernement ces dernières années pour renforcer le pouvoir d’achat sans toucher directement au salaire minimum.
Cependant, l’expert estime que la phase actuelle nécessite une révision effective du salaire de base lui-même, car son augmentation profitera davantage aux catégories vulnérables et aux travailleurs modestes qui vivent directement sous le seuil du SNMG. Il souligne que le montant de 20 000 dinars ne couvre plus les besoins quotidiens du citoyen face aux prix actuels. Kaoubi considère la décision comme « courageuse » compte tenu du déficit financier annoncé par le ministre des Finances dans le projet de budget 2026, ce qui reflète – selon lui – la fidélité de l’État à ses engagements sociaux malgré des conditions financières complexes. Il estime que les augmentations attendues pourraient apporter un soutien aux catégories à faible revenu, pouvant atteindre 20 % de leur capacité à gérer leurs affaires quotidiennes. Concernant les craintes d’inflation, Kaoubi exclut que la hausse du salaire minimum entraîne une nouvelle vague de prix, soulignant que la solution réside dans l’augmentation de la production et de l’offre sur les marchés, afin que les augmentations de salaires ne se transforment pas en pression sur les prix.
Les répercussions de l’augmentation du SNMG
De son côté, l’économiste Aboubaker Salami a déclaré à Echourouk que la décision du président de la République d’étudier le projet d’augmentation du SNMG est une étape positive et attendue, car elle touche directement le pouvoir d’achat des travailleurs des secteurs public et privé. Salami estime que l’augmentation du salaire de base garanti, actuellement fixé à 20 000 dinars, doit être perceptible et effective pour faire une réelle différence dans les revenus des ménages, et non une simple augmentation relative qui ne suit pas le niveau des prix.
L’expert confirme que toute augmentation du salaire minimum concernera tous les employés déclarés à la sécurité sociale. Elle obligera également les employeurs à ne pas accorder de salaires inférieurs au plafond minimum fixé, étant donné que les textes réglementant le travail imposent le respect du SNMG sans exception.
Parmi les effets les plus importants attendus, selon Salami, figure l’augmentation prévue du seuil non imposable. L’actuel seuil d’imposition de l’IRG est fixé à 30 000 dinars, et toute augmentation du salaire minimum entraînera automatiquement une hausse du seuil d’exonération fiscale. Cela permettra à certains travailleurs de bénéficier de salaires nets plus élevés, et pourrait faire passer les salaires de catégories qui percevaient moins de 30 000 dinars au-dessus de ce plafond, mais dans ce cas, ils seront soumis à l’IRG.
Il souligne également que le salaire minimum, s’il reste inférieur au seuil de 30 000 dinars, ne sera pas soumis à l’IRG, ce qui signifie que les travailleurs bénéficieront de l’intégralité de l’augmentation sans prélèvements fiscaux. C’est un autre facteur qui contribue à l’amélioration du pouvoir d’achat si le plafond est relevé conformément à la réalité des prix.
L’expert insiste sur le fait que l’amélioration du pouvoir d’achat est principalement liée au niveau de l’augmentation attendue, ajoutant : « Nous ne voulons pas d’augmentations symboliques, mais des augmentations réelles qui font une différence tangible dans les poches des citoyens ». Il souligne que le succès de la décision est lié à l’engagement des entreprises privées à l’appliquer à la lettre, d’autant plus que la loi est claire sur l’interdiction de payer des salaires inférieurs au SNMG.
Le Salaire National Minimum Garanti a connu une série de révisions successives depuis les années 1990, chacune reflétant les transformations économiques et sociales traversées par le pays. Après avoir stagné à des niveaux bas pendant des années, le SNMG a connu des augmentations successives à partir de 1990, avant que leur rythme ne s’accélère au début du millénaire avec l’amélioration des indicateurs financiers. Ces révisions se sont poursuivies périodiquement, le salaire minimum passant de 10 000 dinars en 2004 à 12 000 en 2007, puis 15 000 en 2010, et 18 000 dinars à partir de 2012. Après huit ans de stagnation, il a été révisé à nouveau en 2020 pour atteindre 20 000 dinars, en attendant l’augmentation prévue actuellement discutée dans le cadre du renforcement du pouvoir d’achat et de l’amélioration de la structure des salaires.