Même si de nombreux rois de France ont séjourné au palais d’Amboise dans la province d’Indre-et-Loire à plusieurs reprises, il y an un prisonnier de guerre algérien célèbre, l’émir Abdelkader, qui a été le premier opposant au colonialisme français en Algérie et a créé l’État algérien moderne. Depuis sa mort, il est devenu un élément clé de la relation diplomatique entre la France et l’Algérie.
Après avoir combattu les forces françaises en Algérie au début du XVIIIe siècle, l’émir Abdelkader Ibn Muhieddine (1808-1883), érudit religieux soufi et héros de la résistance contre la France qui a uni tous les opposants au colonialisme dans les années 1840, a été arrêté dans ce palais avec une centaine de membres de sa famille et de son entourage. Le colonisme français.
En 1847, après avoir résisté pendant 15 ans, il abandonne ses armes en échange de la proposition de la France de s’exiler à Alexandrie ou à Acre. Néanmoins, Paris ne respecte pas cette engagement et le déplace en France, où il est arrêté de 1848 à 1852.
Le protagoniste de la résistance algérienne, qui an ensuite été honoré de la Légion d’honneur française en 1860, est de nouveau en tête des efforts des deux capitales pour « réconcilier les deux mémoires ».
L’Algérie demande la restitution de l’épée et de la robe de l’émir Abdelkader, qui ont été ajoutées aux conditions de la visite du président Abdelmadjid Tebboune en France, qui a été plusieurs fois avancée.
Les discussions au sein du Comité algéro-français d’histoire et de mémoire, créé en 2022, portent également sur la restitution de « d’autres biens symbolisant la souveraineté de l’État » appartenant à l’émir Abdelkader, tels que son Coran et sa tente.
Les représentants algériens du Comité Mémoire ont visité le palais d’Amboise à la fin du mois de janvier pour chercher les restes du prince qui avaient été perdus par le temps.
Selon l’historien Mark Mitai, directeur du palais, « Il y a très peu d’indicateurs qui révèlent sa captivité, et cela génère parfois de la frustration chez ceux qui se rendent dans cet endroit pour se souvenir de lui. »
Les espaces où le prince, sa famille et son entourage ont été emprisonnés ont été rénovés afin de refléter la période de la monarchie française.
Des monuments ont été érigés dans les jardins du palais en arabe pour honorer la mémoire de 24 proches du prince décédés à Amboise, mais le palais travaille sur plusieurs projets pour expliquer la dure vie en captivité du prince.
Ammar Belkhoja, un écrivain algérien qui an écrit des livres sur l’émir Abdelkader, an affirmé que lorsque nous étions enfants, on nous informait qu’il vivait une vie de palais, mais la réalité est tout le contraire. Alors qu’il avait l’habitude de parcourir de longues distances à cheval, il a été emprisonné.
Mitai soutient que « l’histoire de sa captivité doit être considérée de manière réaliste, même s’il peut y avoir des difficultés liées à la sensibilité du sujet ».
En Algérie, il y a des experts qui craignent que l’histoire de France ne conserve le prince en tant que personnage du « grand vaincu » plutôt que sa lutte contre le colonialisme.
La célébration d’un héros musulman algérien en France a causé de la confusion, comme en témoigne le vandalisme d’un monument à Amboise en 2022 en l’honneur du « meilleur ennemi de la France ».
Le retour des biens du l’émir Abdelkader est un problème., le Musée de l’Armée française détient l’épée et le prince demandés par l’Algérie, qui ont confirmé leur acquisition légale, affirmant que le prince lui-même a remis son épée en 1847 et que son fils l’a présenté au prince.
Dans un rapport de 2021, Jean-Luc Martinez, ancien directeur du musée du Louvre, a déclaré que les objets en question (le prince et l’épée…) avaient été légalement acquis par l’État français grâce à un don de la famille de l’émir Abdelkader.
Le rapport Martinez a abouti à la mise en place de deux lois-cadres pour violer la règle de « non-aliénation » des collections publiques et restituer les biens et les restes humains pillés par les nazis.
Pour répondre à la demande de l’Algérie, il serait nécessaire que la France adopte une troisième loi permettant la restitution des biens culturels. Fin janvier, Rachida Dati, la ministre française de la Culture, a déclaré qu’elle serait « fière » de présenter cette loi, mais elle n’a pas précisé de date précise pour cela.
En France, les affaires concernant l’émir Abdelkader sont toujours suivies avec soin.
En octobre, les autorités algériennes ont appris qu’une des épées d’Abdelkader allait être mise en vente aux enchères en France, ce qui leur a permis de l’acheter. Il en est de même pour la vente aux enchères d’un manuscrit islamique rare qui aurait été confisqué par l’armée française auprès de l’émir en 1842, qui a été annulée suite à une réaction de la communauté algérienne.
Le commissaire-priseur Jacques-Philippe Royland, après avoir rejeté l’offre du document qui a finalement été restitué aux autorités algériennes, a déclaré que le manuscrit se trouvait dans le garage d’une famille dont les ancêtres étaient en Algérie. Il an ajouté qu’il est crucial que ces objets soient remis aux meilleures personnes possibles.
Source: AFP