Une campagne d’envergure sous le hashtag « #لا_تذهب_للعراق » (#NeVasPasEnIrak) s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux en Algérie. Elle adresse un appel direct au président du pays, Abdelmadjid Tebboune, quelques jours seulement après qu’il ait reçu une invitation officielle pour assister au Sommet arabe prévu mi-mai prochain dans la capitale irakienne, Bagdad.
Ce mot-dièse viral exhorte le président algérien à renoncer à participer à ce sommet. La raison ? Des craintes profondes exprimées par de nombreux militants et citoyens concernant la sécurité et la situation politique en Irak. À cela s’ajoutent des souvenirs historiques douloureux encore très présents dans la mémoire collective algérienne, notamment ceux liés au défunt président Houari Boumédiène, considéré comme l’un des dirigeants les plus influents de l’histoire algérienne post-indépendance. 😥
L’étincelle de cette campagne semble être partie de la diffusion virale d’une vidéo 📹 montrant une citoyenne algérienne s’adressant au Président Tebboune sur un ton suppliant, l’implorant de ne pas voyager en Irak. Dans son plaidoyer, elle a évoqué deux incidents marquants :
- Le décès de l’ancien président Houari Boumédiène : Selon des récits persistants, il aurait contracté une maladie mystérieuse juste après une visite en Irak en 1978. Une visite que certains ont ensuite liée à l’hypothèse d’un empoisonnement, bien qu’aucune preuve concluante n’ait jamais été établie. 🤔
- La tragédie de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia : Alors qu’il menait des efforts de médiation pour stopper la guerre entre l’Irak et l’Iran, son avion a été abattu dans des circonstances suspectes en 1982. À l’époque, les soupçons s’étaient portés sur un possible missile irakien. ✈️💥
Fait notable, un grand nombre de pages et de commentateurs sur les réseaux sociaux ont massivement relayé et soutenu le hashtag, considérant que l’Irak actuel demeure une zone à haut risque, marquée par une présence dense de services de renseignement étrangers et des conflits internes complexes. ⚠️
Ainsi, Mohamed El Mahdi écrit : « Quand le président algérien foule le sol irakien, il n’entre pas dans un État pleinement souverain, mais dans une zone grise où s’affrontent les services de renseignement du monde entier. » Il ajoute : « Tout le monde a le doigt sur la gâchette, et chacun cherche l’image choc en direct qui embrasera le Moyen-Orient, » mettant en garde contre des assassinats dont l’auteur reste inconnu et pour lesquels aucune garantie n’existe. Il conclut son message par une prière pour que Dieu protège l’Algérie. 🙏
Un autre internaute commente : « Monsieur le Président, ‘Ami Tebboune‘, votre peuple vous dit de ne pas aller en Irak car nous sentons une odeur de trahison et de perfidie venant de normalisateurs [ceux normalisant les relations avec Israël] qui n’aiment pas les hommes qui soutiennent la cause palestinienne 🇵🇸, » rappelant la détérioration de la santé du défunt président Boumédiène après ses visites en Irak et en Syrie.
Un autre commentaire abonde : « Nous ne voulons pas d’une répétition de ce qui est arrivé au leader Houari Boumédiène, que Dieu lui fasse miséricorde. Que Dieu protège le Président Tebboune. Le peuple algérien ne veut pas que vous alliez en Irak, veuillez accéder à leur souhait. » Un autre va jusqu’à mettre en garde contre ce qu’il appelle « l’ennemi français » et le Mossad israélien, suggérant que ces acteurs pourraient exploiter la situation en Irak pour porter un coup au Président Tebboune en raison de ses récentes prises de position sur des questions régionales.
Mahmoud Djebri écrit quant à lui : « N’y allez pas, Monsieur le Président (El Raïs), s’il vous plaît. Ne prenez aucun risque, même pas 1%. Le pays a besoin de vous plus que jamais. Nous ne sommes pas prêts pour la moindre aventure ou mise en danger vous concernant. Notre espoir en vous est immense, Monsieur le Président, pour mener l’Algérie vers la stabilité économique, politique et militaire. » 🇩🇿💪
Des voix discordantes
Cependant, des voix opposées se sont également fait entendre, mettant en garde contre le risque de suivre aveuglément cette campagne. Ces voix estiment qu’elle pourrait nuire aux relations bilatérales entre l’Algérie et l’Irak, qui ont connu une amélioration notable ces dernières années. 🤝
Les tenants de cet avis rappellent que le président irakien, Abdel Latif Jamal Rashid, fut parmi les premiers dirigeants à assister au Sommet arabe d’Alger en 2022, louant alors la bonne organisation et les relations fraternelles entre les deux pays. Il était également présent au Sommet des pays exportateurs de Gaz (GECF) accueilli par l’Algérie en mars 2024. Certains soulignent la nécessité de ne pas généraliser les erreurs ou tragédies historiques à la situation actuelle, rappelant que l’Irak est un pays frère arabe qui mérite que l’Algérie maintienne une présence forte dans son environnement politique et diplomatique.
Dans ce contexte, Bouziane Merhouni a publié un message concis : « Monsieur le Président de la République, ne prenez pas le risque d’aller en Irak. Ce n’est pas que nous détestons l’Irak, mais c’est notre peur pour vous qui parle. » Cet avis reflète la position de nombreux Algériens qui expriment leur respect pour l’Irak mais redoutent le paysage sécuritaire et politique environnant.
Il n’en demeure pas moins que la visite du Président Abdelmadjid Tebboune en Irak – si elle a lieu – serait la première d’un président algérien depuis plusieurs décennies, à un moment où la région arabe traverse des circonstances particulièrement complexes. D’ici là, le hashtag #NeVasPasEnIrak continue de susciter réactions et débats, illustrant comment les réseaux sociaux peuvent exercer une pression réelle sur les orientations et les décisions des responsables politiques. 📲💬
