Alger – Les autorités publiques ont lancé une vaste opération nationale de contrôle du commerce des véhicules, mobilisant conjointement les services des impôts, des douanes, du commerce et de la sûreté nationale.
Cette campagne, d’une ampleur inédite, vise à assainir un secteur souvent entaché de pratiques douteuses, notamment la sous-facturation, la spéculation et les risques de blanchiment d’argent à travers l’importation et la revente de voitures.
Selon des sources proches du dossier, l’opération s’articule autour de dix mesures majeures, centrées sur la vérification de l’identité des commerçants, la conformité des factures d’importation et de vente, ainsi que la création de commissions locales mixtes composées des services des impôts, des douanes, du commerce et des forces de sécurité. Ces équipes mèneront des inspections coordonnées dans toutes les wilayas afin d’assurer un contrôle rigoureux des transactions.
Croisement des données et traque des anomalies
L’un des volets essentiels de cette opération concerne l’exploitation de la base de données douanière. Les autorités compareront les valeurs déclarées à l’importation avec les prix de vente affichés sur le marché national. En cas d’écart injustifié ou de transaction suspecte, un signalement immédiat sera effectué auprès des services compétents.
Les commerçants titulaires d’un registre de commerce pour la vente de véhicules font actuellement l’objet d’un recensement exhaustif, en collaboration avec les forces de sécurité. Ces dernières interviendront également pour mettre fin à l’exploitation illégale d’espaces publics à des fins commerciales, un phénomène devenu courant dans plusieurs grandes villes.
Une coordination interministérielle renforcée
Cette opération découle d’une décision du comité ministériel de coordination, réuni le 29 septembre 2025, pour examiner la problématique du commerce automobile informel.
Le ministère du Commerce a été chargé de superviser la mise en œuvre du dispositif, en veillant à la transmission des listes nominatives des opérateurs aux équipes mixtes de contrôle.
Les services des impôts, des douanes et du commerce devront par ailleurs rendre compte chaque semaine des résultats de leurs investigations, en envoyant des rapports détaillés aux autorités concernées.
Chaque secteur impliqué est également tenu de respecter strictement le cadre réglementaire et de coopérer pleinement avec les autres institutions pour garantir l’efficacité du dispositif. En cas de manquement constaté, des poursuites judiciaires pourront être engagées dans la limite des prérogatives légales.
Surveillance accrue et confidentialité des signalements
Les contrôleurs sont appelés à vérifier minutieusement les documents commerciaux relatifs aux véhicules exposés à la vente — notamment les déclarations d’importation, factures originales, factures de revente et cartes grises.
Toute anomalie ou suspicion d’activité illicite devra être signalée, sous pli confidentiel, à la Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF), conformément à la loi 05-01 du 6 février 2005 relative à la prévention et à la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Chaque structure participante devra en outre transmettre un rapport hebdomadaire des opérations effectuées, avant le jeudi à 16 heures, détaillant les constats relevés et les mesures correctives adoptées.
À l’issue de la campagne, un rapport global sera remis aux autorités, assorti de propositions concrètes visant à améliorer l’organisation et la transparence du commerce automobile en Algérie.
Un secteur sous haute surveillance
Par cette initiative, le gouvernement entend restaurer la confiance dans un secteur marqué par l’opacité et la spéculation.
Les autorités souhaitent mettre un terme à la vente anarchique de véhicules dans les parkings et espaces publics, tout en garantissant une traçabilité complète des flux financiers liés à l’importation et à la revente.
Cette opération, qualifiée de « tournant décisif » par plusieurs responsables, s’inscrit dans une démarche plus large visant à moderniser la gouvernance économique et à prévenir les dérives financières dans les filières à forte valeur commerciale.